ISABELLE LONGCHAMPT : « NOUS FAISONS UN VRAI TRAVAIL EN COMMUN, AVEC LES BAILLEURS SOCIAUX ET L’ASSOCIATION REGIONALE »

(Photo BTP 13)
(Photo BTP 13)

Isabelle Longchampt a été élue présidente de la Fédération du BTP des Bouches-du-Rhône en juin 2019 pour un mandat de 4 ans. Elle se réjouit de l’écoute et des échanges avec les bailleurs sociaux, notamment grâce au partenariat avec l’Association régionale, sur bon nombre de sujets. Elle voudrait aussi que cette écoute soit effective sur le niveau des prix. Selon elle, les enveloppes estimatrices ne sont pas adaptées.

La fédération du BTP 13 travaille depuis longtemps en partenariat avec le mouvement Hlm et les bailleurs sociaux…

C’est vrai, nos équipes travaillent très bien sur de nombreux sujets.  Je rappelle que l’AR Hlm Paca & Corse est membre fondateur du GEIQ BTP 13 & Méditerranée (le groupement d’employeurs pour l’insertion et la qualification) crée il  y a 25 ans.

L’insertion du public éloigné de l’emploi est un dossier important que nous portons et soutenons à travers le GEIQ BTP13 Méditerranée, outil de la Fédération du BTP13.

Avec la FBTP13, le  GEIQ est le seul à intervenir et organiser des actions aux cœurs des cités : les Flamants, Bassens, Air bel… Ce qui est encore un lien fort entre nos deux secteurs professionnels.

Le GEIQ participe à la « Commission Clause », une commission qui a pour objectif d’élargir les périmètres de la clause d’insertion dans les marchés publics et rendre plus fluide l’application de cette clause.

Les  ministres  Muriel Penicaud et Julien Denormandie sont venus le 20 février dernier à la Fédération du BTP13 et nous avons échangé sur ce sujet. J’ai bon espoir que les contrats d’apprentissage soient  prochainement éligibles à la clause d’insertion.

Vous avez notamment un partenariat sur la sûreté des chantiers ?

Absolument. Avec la Préfecture de Police et la Gendarmerie, pour leurs territoires de compétence respectifs. Il s’agit de lutter ensemble, entreprises, bailleurs sociaux et forces de l’ordre, contre les rackets sur les chantiers, les chantages à l’embauche, le vol de matériaux… Nous avons travaillé sur les dépôts de plainte, sur les gestes à tenir sur le chantier face aux menaces. Aujourd’hui, nous sommes davantage dans la prévention. La commission « sûreté chantiers », que nous animons régulièrement avec l’AR Hlm (*), est essentielle pour nous permettre d’être en phase. Notre but commun est que tout le monde, tous les acteurs concernés, soit au courant de tout ce qui se passe. Cela vaut aussi pour les personnels de proximité du bailleur lorsque le chantier concerne un patrimoine existant, dans le cas d’une réhabilitation ou d’une extension d’un programme. Nous savons identifier les chantiers qui risquent d’être difficiles et nous menons ensemble, entreprises, bailleurs sociaux et forces de l’ordre, des actions de prévention sur le quartier. Nous rencontrons les gens, nous échangeons, nous expliquons, nous savons comment désamorcer les conflits potentiels. Même s’il reste toujours des situations difficiles, le dispositif fonctionne bien aujourd’hui, notre partenariat est efficace et nous en sommes très satisfaits.

Produire des logements neufs est un objectif constant des bailleurs sociaux. Là encore vos attentes sont communes…

C’est certain. Nos attentes sont communes, mais elles ne sont pas toujours évaluées de la même façon (elle rit). Je suis obligée de vous parler là des prix anormalement bas. Les bailleurs sociaux veulent construire le moins cher possible, mais il y a un seuil à ne pas dépasser. Au-delà, le prix trop bas se répercute sur la qualité, c’est obligé, et sur la longévité du bâti, donc sur les coûts de maintenance. Globalement, je pense que les bailleurs doivent faire une petite révolution : il faut que les prix remontent.

C’est un peu abrupt, non ?

Ce que je veux dire, c’est qu’il nous faut parler plus sur ce sujet. Les gains de productivité sont tout à fait possibles sur un chantier si on est un peu imaginatif, les matériaux employés, la technologie, les process… mais il faut y travailler. Chaque chantier, chaque construction est unique et doit être considérée de façon nouvelle. Nous voyons trop d’appels d’offres qui sont dans une logique de répétition, on fait du copié-collé d’appels d’offres. Et souvent, ils sont infructueux parce que les entreprises ne s’en sortent pas. Par exemple, les bailleurs doivent comprendre qu’une étude préalable est indispensable à chaque fois. Les enveloppes estimatrices que nous voyons ne sont pas adaptées.

Donc, vous pensez qu’il faudrait plus de communication ?

Nous nous parlons et nous nous connaissons bien. Chacun connaît bien l’autre. Le partenariat et les échanges constants avec l’Association régionale y sont bien sûr pour beaucoup. Nos rapports sont cordiaux. C’est pour ça que je me permets de dire cela sur les prix. Nous avons lancé une série de « petits déjeuners économiques » pendant lesquels un maître d’ouvrage vient rencontrer les entreprises de la Fédération pour détailler ses projets et ses attentes. Certains bailleurs sociaux y ont déjà participé. J’engage tous les bailleurs à y venir. Qu’ils se rapprochent des services de la Fédération, nous serions très heureux de les accueillir à ces petits déjeuners qui se prolongent souvent par des rendez-vous individuels.

 

  (*) Le partenariat sur la sûreté des chantiers a été formalisé dans une Charte Chantiers responsables, co-signée avec le Préfet de Police et la Préfète déléguée pour l’égalité des chances en octobre 2018. Au terme de ce texte, maîtres d’ouvrage et maîtres d’œuvre se sont engagés aux côtés de l’Etat à favoriser l’insertion, l’environnement et la sûreté sur leurs chantiers (NDLR).

Biographie :

• Isabelle Lonchampt est la première femme à présider la fédération du BTP dans les Bouches-du-Rhône

• Elle créé avec son père, en 1991, l’entreprise Gardanne Travaux Industriels (GTI), spécialisée dans la maçonnerie, le gros-œuvre et le génie civil.

• En 1998, elle prend la direction de GTI, qui a aujourd’hui 12 salariés.

• En 2015, elle reprend une entreprise de charpente et couverture bois composée de 8 salariés.

• Elle a assumé plusieurs responsabilités syndicales depuis 2004, notamment présidente du GEIQ BTP 13 & Méditerranée (2014-2019), membre de la Chambre de Commerce Marseille-Provence (depuis 2016), présidente du      SMTP (syndicat de la maçonnerie et des travaux publics) des Bouches-du-Rhône (2017 – 2019)
 
 
 
 
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