Philippe Sagnes : « Nous mettons à disposition tous les outils dont dispose Action Logement pour produire du logement »

Philippe Sagnes est directeur régional d’Action Logement pour les régions Provence-Alpes-Côte d’Azur et Corse.

(photo Action Logement)

Action Logement va s’engager encore plus largement en 2021 pour accompagner la production de logements sociaux. Avant d’en parler, est-ce qu’on peut faire un bilan de 2020 ?

L’année 2020, malgré le contexte de crise, a été une année où nous avons tenu absolument tous les engagements que nous avions pris. C’est important de le dire. Et compte tenu de la période, je crois que c’est plutôt une bonne performance. Nous avons pris une part plutôt essentielle à la production de logements sociaux, notamment sur la région Provence-Alpes-Côte d’Azur où les entreprises du groupe Action Logement ont obtenu 3 200 agréments sur une production totale de 7 300 logements, c’est-à-dire que nous assurons près de la moitié de la production, 44 % précisément.

En 2020, nous avons également accompagné les bailleurs sociaux, aux côtés de la Banque des Territoires, pour les aider financièrement à assumer les surcoûts sur les chantiers dus aux contraintes sanitaires. Nous sommes intervenus dans ce domaine en direct auprès des organismes Hlm.

Il est prévu que vous fassiez plus en 2021…

Nous allons nous mobiliser davantage. A l’échelle nationale, nous rajoutons un milliard d’euros supplémentaires pour la production de logements locatifs sociaux sur 2021 et 2022, c’est-à-dire les deux dernières années de la convention quinquennale (2018 – 2022) que nous avons signée avec le gouvernement. Cet investissement supplémentaire a été acté dans un avenant à cette convention.

Globalement, notre action sur les deux prochaines années va se décliner autour de quatre axes. Le premier, je le disais, va être de mobiliser des financements pour développer l’offre de logements. Ce sera en direct auprès des bailleurs, sous forme de prêts ou de subventions. Ensuite, nous allons renforcer notre accompagnement et la sécurisation des salariés, et en particulier ceux qui sont en difficulté, avec des aides individuelles, selon la situation de la personne, d’un montant de 150 euros, renouvelable au maximum 6 fois, soit 900 euros au total.

Nous allons également mobiliser des financements supplémentaires sur le nouveau programme national de rénovation urbaine (NPNRU) pour favoriser son accélération et la finalisation des projets en cours d’élaboration. L’enveloppe globale de 10 milliards d’euros va passer à 12 milliards et Action Logement apporte 1,4 milliard supplémentaire. Au final, nous apportons 70 % de la totalité de cette enveloppe. Enfin, nous allons aider l’accession à la propriété dans le neuf pour les salariés modestes en accordant des subventions d’un montant de 10 000 euros aux primo-accédants.

Vous participez toujours à l’opération « Cœur de ville » ?

Oui, bien sûr, nous continuons. Il s’agit là d’un accompagnement de proximité au plus près des territoires et des communes. Nous faisons un peu du sur-mesure, avec des interventions et des conditions qui varient selon les territoires. Mais d’une façon générale, sur ces problématiques de cœurs de villes, nous essayons de mobiliser le plus possible le parc privé. Rénover des logements, les sécuriser, produire des logements adaptés à la demande locale, nous le faisons aussi en aidant directement les propriétaires privés et la première livraison à Carpentras en est l’illustration. Ainsi, nous aidons à la formation d’une offre nouvelle de logements dans les centres villes ou les centres bourgs qui peut profiter aux salariés des entreprises et qui s’inscrit pleinement dans la mission d’Action Logement.

Vous interviendrez donc également sur l’habitat dégradé ou insalubre ?

Nous sommes là dans des actions encore plus spécifiques que nous menons avec la Foncière Logement. Cette problématique des centres anciens dégradés et des logements insalubres est un enjeu important dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Nous avons signé des conventions avec la métropole de Marseille, d’autres suivront avec plusieurs autres communes.

Action Logement s’implique aussi dans le plan quinquennal « logement d’abord »…

L’idée, devant chaque situation, est que nous contribuions à accélérer les processus. Sur notre zone d’action, quatre collectivités ont répondu à l’appel à manifestation d’intérêt pour une mise en œuvre accélérée de ce plan : Porto Vecchio en Corse, Toulon, Marseille et Avignon en Paca. Nous soutenons plus particulièrement ces territoires et, là aussi, nous développons une ingénierie potentielle au travers d’aides spécifiques en direction du secteur privé. Nous mettons à disposition tous les outils dont le groupe Action Logement dispose pour produire des logements et faciliter l’intervention de tous les opérateurs.

Nous finançons aussi des cautions, des garanties, nous favorisons la réalisation de PLAI Adaptés, bref nous mobilisons toutes les options possibles pour produire plus de logements. Dans le cadre du logement d’abord, nous réfléchissons également avec les collectivités à la meilleure façon de mobiliser le parc privé et de développer ainsi une offre adaptée, en demandant aux bailleurs de faire un effort sur le prix du loyer en contrepartie d’un accompagnement sur mesure. Pour cela, nous construisons au côté de la collectivité une ingénierie financière qui solvabilise le locataire tout en accompagnant au mieux le bailleur, quel qu’il soit (avec un « mix » d’aides d’Action Logement et d’aides de la collectivité).

Sur chaque territoire, vous mettez en place des conventionnements qui permettent de proposer et d’apporter des réponses adaptées aux besoins locaux. Vous en êtes où sur la région ?

Oui, c’est une démarche que nous renouvelons, qui a d’abord été initiée sur le territoire d’Aix-Marseille-Provence et qui va s’étendre ensuite à tous les EPCI dans lesquels le marché du logement est tendu, là où les besoins des salariés et des entreprises sont les plus importants, c’est-à-dire tous les grands centres urbains de la région, Nice-Côte d’Azur, Sophia-Antipolis, Toulon-Provence-Méditerranée et aussi le Grand Avignon. Je le répète, notre rôle est d’aider à produire du logement adapté aux besoins locaux, et nous le faisons avec tous les outils dont dispose le groupe.

BIO

  • Après une maîtrise de Sciences juridiques et politiques, Philippe Sagnes a suivi la formation de l’ESCP (Ecole supérieure de commerce de Paris)
  • Il est fondé de pouvoirs de la Barclays Bank en 1998
  • Il devient directeur général de CILVAR en 2003, puis directeur général du CIL Méditerranée en 2011
  • Depuis 2016, il est directeur régional Provence d’Action Logement Services pour les régions Provence-Alpes-Côte d’Azur et Corse.
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