N°36 – Septembre 2019

LE SOLAIRE THERMIQUE DANS LA PRODUCTION D’EAU CHAUDE SANITAIRE

Le prochain Club DDSE de l’Association régionale, co-organisé avec la Dreal PACA, va présenter plusieurs réalisations d’installations « solaire thermique » qui, chacune, possèdent une certaine exemplarité. La matinée se terminera avec les résultats d’une étude atypique, qui analyse les performances de ces installations dans l’ensemble du parc social d’un même bailleur.

Installation solaire thermique (photo : enerplan.asso.fr)

Le 10 octobre prochain, l’Association régionale, en partenariat avec la Dreal PACA, organise un « Club DDSE » (développement durable et stratégie énergétique) qui sera consacré à la thématique du « solaire thermique dans le logement social ». Les acteurs incontournables de la filière, la région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur, l’Ademe et le syndicat professionnel Enerplan, seront bien entendu parties prenantes de cette rencontre, les premiers pour présenter aux bailleurs les dispositions du « Fonds Chaleur », et le second pour brosser les nouvelles opportunités qu’offre le solaire thermique.
« Il y a indéniablement un manque de visibilité du solaire thermique dans la région, que l’on confond trop souvent avec le photovoltaïque. L’objectif de cette réunion est de lui donner un peu plus de place dans le paysage », explique Philippe Dumez, chargé de mission « bailleurs sociaux » à la Dreal PACA. Effectivement, quand on regarde les chiffres, on reste étonné par le tout petit 1% que représente le solaire thermique dans le mix énergétique régional, alors que, comme le souligne Philippe Dumez, « l’ensoleillement est assez exceptionnel ici, avec 2500 à 2900 heures de soleil par an, réparties sur près de 300 jours. Il n’y a pas de longue période de ciel voilé, comme c’est le cas dans la plupart des autres régions, et le système peut donc se recharger tout seul régulièrement. Ce sont des conditions optimales. »
A Barcelone, pointe Philippe Dumez, « la municipalité a pris un arrêté en 2000 qui oblige la mise en place d’une installation solaire thermique pour la production d’eau chaude sanitaire dans les bâtiments neufs ou faisant l’objet d’une rénovation importante ». Depuis, de nombreuses villes espagnoles ont pris la même initiative. En France, il n’est pas possible d’imposer à un corps de métier une décision qui aurait pour conséquence de fausser la libre concurrence. Pour Philippe Dumez, l’objectif est « de convaincre les opérateurs de développer cette énergie solaire, gratuite et abondante, pour la production d’eau chaude sanitaire collective. La cible est clairement les bailleurs sociaux. »
Pour l’Association régionale, il s’agit de faire suite à une première rencontre qui s’est tenue à Cannes en février 2015 sur cette même thématique et de faciliter les échanges d’information entre bailleurs, l’occasion de mettre à jour les connaissances de chacun à travers quatre interventions, les trois premières présentant des opérations spécifiques et la dernière mettant en lumière une approche globale d’un bailleur sur l’ensemble de son parc social.

Trois exemples de réalisations et une réflexion globale sur l’ensemble d’un parc social

Famille & Provence tente une expérimentation dans le quartier de La Duranne, à Aix-en-Provence, sur son programme « L’Art du Temps », déjà particulièrement innovant par ailleurs. « Il s’agit, explique Marina Bartolini, directeur de la maîtrise d’ouvrage, d’une production solaire individuelle dans un ensemble de logements collectifs. Nous avons la capacité de faire un premier bilan sur une première année de fonctionnement et voir ainsi ce que peut nous apporter cette expérimentation. Pour nous, c’est une autre façon d’utiliser le solaire thermique que nous mettons en œuvre ».
Pour Logirem, sur la résidence « Terra Lumina », dans le 9ème arrondissement de Marseille, l’installation solaire thermique a été optimisée par un AMO, Arnaud Sarzacq, responsable du bureau d’études SolarSeyne, pour répondre aux besoins de puisage et de maintien en chaleur de la boucle d’eau chaude. Arnaud Sarzacq sera présent aux côtés de Frédéric Buisson, responsable de la politique environnementale et patrimoniale de Logirem, pour détailler son intervention.
Loïc Dupont, chargé de mission Energie et Environnement chez Erilia, détaillera pour les participants comment le bailleur, après avoir racheté des logements à un promoteur privé, a remis en service une installation solaire thermique qui ne donnait pas satisfaction (sur la résidence « L’Echiquier » dans le 14ème arrondissement de Marseille). La mise en place d’un suivi à distance, développé par Optitherm, a permis à l’entreprise de maintenance de fiabiliser et d’optimiser le fonctionnement de l’installation, et d’en améliorer significativement les performances.
André Terrusse, enfin, responsable des équipements techniques sur la région PACA pour le bailleur 1001 Vies Habitat, présentera l’étude qu’il a menée avec une approche globale sur le parc des trois filiales régionales du groupe, Logis Familial, Logis Familial Varois et Logis Méditerranée (voir interview ci-dessous).

André Terrusse : « Un partenariat étroit avec l’entreprise de maintenance est essentiel »

André Terrusse (photo : Michel Couartou)

André Terrusse est responsable des équipements techniques sur la région PACA pour le groupe 1001 Vies Habitat. Il a mis en place un « observatoire » de la production d’eau chaude sanitaire et de chauffage sur l’ensemble du parc régional du groupe (16 000 logements) qui met en lumière la nécessité d’un suivi régulier, rigoureux et quasi personnalisé des installations ainsi que d’une « responsabilisation » des entreprises sur la maîtrise du coût final de l’énergie.

Vous avez pris en charge une mission très spécifique au sein de l’organisme qui vous emploie : réaliser une sorte d’audit des installations d’eau chaude sanitaire…
Plus exactement un observatoire. Nous nous sommes aperçus que certaines de ces installations fonctionnaient très bien et d’autres beaucoup moins bien. Nous avons voulu comprendre pourquoi et nous nous sommes basés sur la réalité des résultats obtenus au travers des régularisations des charges locatives et non pas sur les rendements théoriques. Ce qui compte, au final, pour le locataire, et donc pour nous bailleur social, c’est le montant des charges. A partir de dizaines de bases de données, nous avons donc fait un travail de recherche pour évaluer de façon précise le coût de l’eau chaude sanitaire sur l’ensemble du patrimoine du groupe (16 000 logements).

C’est-à-dire que vous avez évalué différentes installations avec différents systèmes ?
Exactement. C’est une étude qui ne porte pas sur une installation spécifique, mais sur l’ensemble de notre parc, à l’échelle des trois filiales de 1001 Vies Habitat dans la région PACA. Nous avons étudié plusieurs installations, qui ont eu des durées de fonctionnement différentes et qui sont suivies par des prestataires différents, depuis le cumulus électrique jusqu’à l’Héliopac, en passant par la chaudière gaz, le solaire thermique avec appoint au gaz ou avec appoint à l’électricité. Cela a été un travail de titan, pour récolter et traiter toutes les données sur 25 installations en service et pour en tirer des conclusions. Et de façon très mathématique, nous sommes arrivés à ce qui semble être une évidence, mais, pour le coup, étayée par une étude : dans tous les cas, le solaire thermique fait baisser la facture, et la solution avec appoint au gaz est la seule qui divise cette facture par deux. Il en coûte 9,1 euros par m3 pour produire de l’eau chaude sanitaire avec un cumulus électrique individuel, 6 euros pour produire le même m3 en collectif avec une chaudière gaz naturel et 3 euros avec du solaire thermique appuyé sur le gaz.

On pouvait s’y attendre…
Oui, mais le grand intérêt de l’étude que nous avons menée, c’est de mettre en évidence les surcoûts et les dérives de certaines installations. Le solaire est une énergie gratuite et abondante, tout le monde le dit, sauf qu’elle ne peut pas répondre à la totalité des besoins. Il faut donc une autre énergie en appoint pour les satisfaire. Mais quand l’installation se grippe, ce qui peut arriver quelquefois, c’est alors cette énergie d’appoint qui est utilisée par le système. D’où des surcoûts importants quand on ne s’aperçoit pas tout de suite que l’installation n’est pas efficiente, notamment lorsque c’est l’énergie électrique qui fait l’appoint.

C’est aussi pour vous, j’imagine, une piste d’amélioration de l’efficacité…
Bien sûr, c’est sur cette piste que nous allons travailler. Comme nous l’avons fait en PACA, il faut, bien sûr, mettre en place un suivi rigoureux des installations, c’est essentiel, et donc penser aux moyens techniques qui vont permettre ce suivi, mais il faut aussi travailler en véritable partenariat avec les entreprises qui assurent la maintenance de nos installations en les responsabilisant sur des objectifs à atteindre en termes de consommation. Cela pourrait passer par une forfaitisation des coûts de l’énergie, sur une base négociée en commun, avec la possibilité d’un bonus si les objectifs sont atteints.

Philippe Dumez : « Il va falloir très probablement solliciter de façon plus importante les énergies renouvelables »

Philippe Dumez (photo : Michel Couartou)

Philippe Dumez est chargé de mission « bailleurs sociaux » à la Dreal PACA. Il co-organise avec l’Association régionale le Club DDSE du 10 octobre sur le solaire thermique. Il souhaite que les bailleurs s’approprient plus largement la problématique du solaire thermique (RE 2020 oblige !) et partagent une culture commune sur le sujet qui leur permettrait de s’impliquer davantage, notamment sur les programmes en Vefa.

 

Vous pilotez, pour la Dreal, en partenariat avec l’Association régionale, la mise en place du Club DDSE (développement durable et stratégie énergétique) du 10 octobre consacré au solaire thermique dans le logement social. Pourquoi l’organisation d’une telle réunion ?
Le solaire thermique a progressé en termes d’installations en 2018 et les bailleurs sociaux y ont contribué. Les niveaux qui semblent être retenus pour la prochaine réglementation thermique, qui s’appelle désormais réglementation environnementale, la RE 2020, vont être difficiles à atteindre avec les systèmes traditionnels et il va falloir très probablement solliciter de façon plus importante les énergies renouvelables, en particulier le solaire thermique.
Et quand on parle d’eau chaude sanitaire collective, il est normal qu’on pense aux bailleurs sociaux. Voilà pourquoi nous proposons en partenariat avec l’AR Hlm PACA & Corse cette matinée d’échanges à partir de la présentation d’opérations concrètes réalisées par des organismes Hlm.

Les bailleurs sociaux sont déjà conscients de cet enjeu…
J’en suis persuadé, mais il s’agit de leur permettre de s’approprier totalement le sujet, non seulement pour les inciter à faire fonctionner des installations dans leurs programmes neufs, mais aussi pour leur permettre d’intervenir sur d’anciennes installations qui peut-être ne sont pas totalement performantes et qui pourraient l’être plus. Je vois cette matinée de travail comme un échange d’expériences plus ou moins réussies. L’idée est de permettre aux bailleurs de partager leurs expériences acquises sur le suivi de leur parc afin de faire progresser en compétence l’ensemble du secteur Hlm sur le sujet du solaire thermique.

Vous attendez quelque chose de concret à l’issue de ce Club DDSE ?
Deux choses. Tout d’abord, j’aimerais rendre plus lisible la réalisation d’installations solaires thermiques par les bailleurs sociaux en mettant au point une cartographie régionale de ces installations. Pour l’heure, la Dreal est intéressée à tester ce principe auprès d’un ou deux bailleurs volontaires.
Ensuite, ce Club est aussi l’occasion d’aborder la question de la Vefa. Dans la région, la moitié de la production de logements sociaux se réalise au travers de l’achat de logements par les organismes Hlm à des promoteurs privés. Souvent, même si ce n’est pas toujours le cas, les logements sont construits sans que l’on sache à qui ils seront vendus. Les installations d’eau chaude sanitaire solaire thermique sont souvent livrées en aveugle sans qu’il y ait eu vraiment d’échange sur la maintenance avec le bailleur social. Je les encourage à susciter cet échange chaque fois que c’est possible. (contact Aurélien DEROCHE)

 

 

 

Copyright 2010 © AR Hlm PACA & Corse Le Saint-Georges
97, avenue de la Corse 13007 Marseille
Directeur de la publication : Pascal GALLARD,
Rédacteurs : Michel COUARTOU, Aurélien DEROCHE

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