Anne-Claire Bel : « Nous coconstruisons nos projets sur-mesure à chaque fois, avec chaque bailleur »

Anne-Claire Bel est directrice régionale de Compagnons Bâtisseurs Provence.

Photo © Compagnons Bâtisseurs

Quelles sont vos relations avec le monde Hlm ?

Créée en 1979, l’association Compagnons Bâtisseurs Provence fait partie du mouvement Compagnons Bâtisseurs et s’est en premier lieu tournée vers le parc privé au travers de ses actions d’auto-réhabilitation accompagnée (ARA). Mais au-delà des accompagnements individuels d’habitants à l’amélioration de leurs conditions d’habitat, la dimension collective étant également au cœur de la démarche d’ARA, de nombreux organismes Hlm ont été séduits par notre projet et nous ont demandé d’intervenir sur leur parc.

Vous pouvez nous expliquer en quoi consiste cette démarche ?

Il s’agit d’accompagner les habitants pour les aider à réaliser par eux-mêmes des travaux d’entretien locatif et d’aménagement de leur logement grâce au soutien d’équipes professionnelles, de volontaires et de bénévoles. Mais attention, nous ne nous substituons évidemment pas au propriétaire. Les bailleurs sociaux ont d’ailleurs très souvent mis en place des documents qui précisent clairement les droits et les obligations du locataire. Cela évite les conflits. Nos animateurs techniques accompagnent la réalisation des travaux aux côtés des habitants, leur expliquent les gestes à suivre, détaillent les étapes du chantier.

Cette démarche atypique facilite une dynamique d’insertion et la réappropriation du logement. En parallèle, l’animation des collectifs permet de créer du lien entre les habitants, de favoriser les échanges et l’entraide.

Vous travaillez avec les bailleurs sociaux selon quelles modalités ?

Nous travaillons sur-mesure avec chaque bailleur social. Les objectifs du partenariat sont à chaque fois adaptés à des problématiques concrètes. Certains font appel à nous pour intervenir sur un parc spécifique. A Draguignan, par exemple, nous avons travaillé avec Var Habitat sur une résidence qui comprenait une grande majorité de personnes âgées. Leur volonté était de remobiliser les habitants sur leur habitat et de créer de l’entraide avec les locataires plus jeunes, rencontrés lors des animations collectives.

Avec Erilia et Logirem, nous avons co construit le projet « Mut’Toit », un projet qui permet de favoriser la mutation inter bailleurs. Parfois, il arrive qu’un défaut d’entretien du logement bloque une demande de mobilité. C’est là que nous intervenons avec l’auto-réhabilitation accompagnée. Non seulement nous permettons la mutation, mais les locataires apprennent aussi les gestes techniques d’entretien locatif et ils pourront dès lors les mettre en pratique dans leur nouveau logement.

Avec d’autres bailleurs, et dans certains parcs Hlm, nous avons installé ce que nous appelons des « Bricothèques », des lieux où les locataires peuvent venir emprunter du matériel de bricolage. Non seulement cela leur permet de réaliser eux-mêmes certains travaux de base (changer des joints de robinet, installer des étagères, remettre en peinture leur logement…), mais c’est aussi un lieu de rencontres et d’échanges au travers des collectifs qui sont animés par l’association.

Des projets uniques à chaque fois ?

Oui, nous coconstruisons ces projets avec chaque bailleur selon les besoins recensés. C’est une approche très fine, sans cesse dans le sur-mesure, aussi bien d’ailleurs avec les organismes Hlm qu’avec les ménages locataires. Nous ne pouvons pas dupliquer simplement une méthode d’un locataire à l’autre, d’une résidence à l’autre. L’ARA est une démarche d’écoute et d’analyse. Il nous faut écouter les besoins, les comprendre, appréhender clairement les freins et accompagner individuellement chacun.

C’est une sorte de processus de formation…

Absolument. Au-delà des collectifs que nous animons à destination des habitants, l’association a développé un axe formation très important à destination des professionnels de l’habitat (repérage de situations de non-décence, de précarité énergétique). Nous avons plus récemment développé une formation pour apprendre à repérer les situations d’habitants présentant le syndrome de Diogène, à établir une communication malgré la situation de déni dans laquelle ils se trouvent et à travailler sur l’habitat avec eux indépendamment de leurs troubles comportementaux (syllogomanie, incurie).

 Comment qualifieriez-vous votre partenariat avec l’AR Hlm ?

Il s’agit d’un réel partenariat qui va bien au-delà de simples échanges professionnels. Nous connaissons parfaitement les enjeux de l’AR Hlm comme ceux des bailleurs avec lesquels nous travaillons. De son côté, l’Association régionale connait notre démarche et notre éthique de travail. Partant sur cette base, nos réflexions et projets ne peuvent qu’être intelligemment construits et conduits, allant dans un même sens : celui de l’amélioration des conditions de vie des habitants.

BIO

  • Titulaire d’un DESS de droit public urbanisme, immobilier, après une première expérience en cabinet d’expertise comptable et de commissariat aux comptes en tant que juriste d’entreprise, Anne-Claire Bel a poursuivi sa carrière chez Compagnons Bâtisseurs Provence
  • Entrée comme chargée d’opérations en septembre 2003, elle est chargée de l’ingénierie juridique et financière en 2013,
  • Puis devient responsable d’antenne Var / Alpes-Maritimes en 2015
  • Et directrice de la région Sud depuis octobre 2018
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