Anthony Borré : « La crise sanitaire doit nous engager à repenser la qualité de nos logements »

Anthony Borré est premier adjoint au maire de Nice, en charge de la sécurité, de la rénovation urbaine, du logement et de la politique de la ville, vice-président de la métropole Nice Côte d’Azur, chargé du logement, de la rénovation urbaine, et de la politique de la Ville. Il est président de l’OPH Côte d’Azur Habitat depuis le 30 juillet dernier.

(Photo Ville de Nice)

Vous venez d’être élu et prenez en charge, à la ville de Nice comme à la Métropole, des délégations importantes autour de l’habitat. Quelle sera votre feuille de route ?

J’ai été auparavant, pendant près de 10 ans, directeur de cabinet de Christian Estrosi, je connais donc très bien ces problématiques d’habitat et je m’inscris complètement dans la continuité de Dominique Estrosi-Sassone qui les avait en charge à la ville comme à la métropole. Nous menons depuis plusieurs années une politique de construction de logements qui est équilibrée, avec un PLH sur la période 2017-2022. Il prévoit la construction de 21 000 logements sur 6 ans avec 40 % de logements sociaux. Malgré l’épidémie en 2020, le taux de respect de ce PLH se situe entre 70 et 90 %, ce qui prouve que nos prévisions étaient réalistes.

 Le renouvellement urbain est aussi un enjeu important…

Concernant le nouveau programme de renouvellement urbain (NPNRU), nous venons de voter un investissement de 350 millions d’euros. L’Ariane et les Moulins, lancés dans le premier programme, sont dans la dernière phase d’achèvement et nous lançons des travaux sur un nouveau quartier, les Liserons. De grosses actions vont se poursuivre dans ce domaine du renouvellement urbain durant la mandature qui vient.

Quelles vont être vos priorités ?

Il y a deux sujets nouveaux qui me tiennent à cœur. D’abord, je voudrais instaurer un esprit de transversalité. Toutes les thématiques du logement sont liées entre elles et il faut les envisager en parallèle, dans un ensemble. Les services de proximité, le confort des logements, la sécurité dans les quartiers, tout doit être pensé avec une optique de transversalité. Je voudrais instaurer une véritable symbiose entre tous les acteurs du logement, y compris, bien sûr, les organismes Hlm, pour que nous prenions tous ensemble des mesures transversales.

Ensuite, et c’est dans le même état d’esprit, je voudrais aussi favoriser des transversalités et des actions communes entre les bailleurs sociaux.

Dans le concret, cela se traduirait comment ?

Dès le mois de janvier, une réunion est prévue avec les organismes Hlm qui travaillent sur le département pour essayer d’identifier des pratiques communes, des actions à proposer et à mener ensemble. Je souhaite qu’on puisse échanger sur tous les sujets sans tabou pour trouver ensemble de nouvelles propositions.

Une problématique qui me préoccupe beaucoup, par exemple, est celle des pieds d’immeubles. Comment faire pour les rendre plus accueillants, qu’ils soient des lieux de services aux locataires et non pas délaissés comme c’est le cas trop souvent ? Sur ce sujet, comme sur bien d’autres choses, j’aimerais qu’on soit capable de dégager des positions communes qui puissent ensuite déboucher sur des actions concrètes.

Dominique Estrosi-Sassone s’était mobilisée pour que soit signée une Charte d’engagement entre bailleurs sociaux et promoteurs privés, qui fixe des règles de mise en œuvre, notamment les prix, des Vefa, les ventes de logement aux organismes Hlm. Quel sera le devenir de cette Charte ?

Elle fonctionne très bien aujourd’hui et elle produit tous les jours de véritables effets positifs. Malgré les réticences qu’elle a pu susciter au départ, elle est à l’heure actuelle globalement respectée par tous les acteurs et c’est justement cela qui la rend efficace. Nous allons continuer à la faire vivre.

Est-ce que vous allez pouvoir tenir les objectifs de production de logements sociaux qui sont fixés par l’Etat ?

Les objectifs du PLH oui. Ceux de la loi SRU ne sont pas réalistes. D’ailleurs, ces objectifs ne doivent pas être uniquement quantitatifs.  Il faut produire des logements, c’est certain et j’en suis profondément convaincu, mais les périodes que nous avons vécues de confinement nous obligent à réfléchir en même temps à la qualité de ces logements. En tant que responsable politique, je me sens en devoir de poser cette question de la qualité, celle de la surface habitable des appartements, celle des extérieurs, des espaces verts… Tout cela nous interroge. Nous devons engager des opérations de construction, c’est évident, mais avec un confort plus important, c’est une évidence aussi forte.

Beaucoup de communes dans le département et sur le territoire de la métropole sont en retard de production et vont faire l’objet d’arrêtés de carence…

Soyons clairs : j’estime que très souvent les objectifs quantitatifs fixés par l’Etat ne sont pas réalistes. Il y a, et particulièrement dans notre département, de nombreuses contraintes, géographiques, topologiques, de rareté du foncier, de sa cherté. Ce que je vois, c’est que la dynamique, réelle, que les maires cherchent à impulser, est balayée par la logique arithmétique. Dans leur immense majorité, les maires sont favorables à la construction de logements sociaux, ils sont volontaires pour produire du logement sur leur commune.

Le PLH a bien été négocié et finalisé en accord avec la Préfecture du département. Cela n’a aucun sens de malmener les maires alors qu’ils font tous de gros efforts pour respecter ce PLH. C’est même malvenu. Je refuse qu’on jette en pâture les maires qui sont confrontés aux injonctions contradictoires de l’Etat.

Qu’en est-il de la ville de Nice ?

Nice est dans une situation confortable, elle n’est pas carencée et elle possède une vraie dynamique pour produire du logement. Et je répète que les 49 maires présents sur le territoire de la Métropole Nice Côte d’Azur ont tous une très grande volonté d’agir dans ce domaine et le font au maximum de leurs possibilités.

A la suite de vos délégations à la ville et à la métropole, vous avez été élu à la présidence de l’Office Public de l’Habitat Côte d’Azur Habitat. Quelles seront vos premières actions à la tête de cet organisme ?

Nous allons travailler sur l’entretien du patrimoine au vu des résultats d’un audit que nous avons lancé et dont nous aurons les résultats au cours du 1er trimestre 2021. C’est un audit stratégique classique de développement du patrimoine actuel. Il y a deux directions dans lesquelles je voudrais que nous nous engagions. D’abord, développer les ventes de logements et cet audit nous permettra d’identifier les ventes potentielles que nous pourrions réaliser.

Ensuite, développer le parc de l’Office en menant une politique d’acquisitions nouvelles de patrimoine. Il y a des opportunités sur le département et je voudrais que nous établissions une stratégie pour en tirer profit.

Enfin, je veux rajouter des moyens sur le cadre de vie. J’ai donc décidé de créer deux postes supplémentaires dans les quartiers prioritaires pour être plus ferme sur le respect du règlement intérieur qui a été retravaillé avec la Police nationale.

 

BIO

  • Anthony Borré, 35 ans, est titulaire d’un master de droit privé et d’un master stratégie et décision publique
  • Il effectue son stage en 2007 au cabinet de Brice Hortefeux, ministre de l’immigration
  • En 2008, il devient assistant parlementaire de Christian Estrosi à l’Assemblée Nationale
  • Il est directeur de cabinet de Christian Estrosi, à Nice, en 2011
  • Il est premier adjoint de la ville de Nice depuis juillet 2020, élu vice-président de la Métropole et président de Côte d’Azur Habitat
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