JEAN-FRANÇOIS ADAM : « IL Y A UNE VRAIE SATISFACTION A VOIR QUE LES BAILLEURS SOCIAUX S’ENGAGENT A NOS COTES »

Jean-François Adam est  ingénieur-conseil régional de la Carsat sud-est (Caisse d’assurance retraite et de la santé au travail). Il loue la « maturité » du partenariat noué avec l’AR Hlm depuis 2013 sur les questions de la présence d’amiante dans les bâtiments lors des chantiers de réhabilitation de logements. Une nouvelle convention, depuis 2018, intègre la question des seniors et l’adaptabilité des logements à cette population.

(Photo Carsat Sud-est)

Le partenariat est historique entre la Carsat et l’Association régionale. Où en est-on aujourd’hui ?

Cela fait déjà plusieurs années que la Carsat Sud-est et l’AR Hlm Paca & Corse ont des actions communes. Une de nos missions consiste à informer et accompagner les entreprises sur les risques professionnels. Et l’amiante est un sujet sensible du monde Hlm. Dans le cadre de la rénovation des logements, il est indispensable de savoir prendre en compte le risque amiante sur les chantiers de réhabilitation. Depuis 2013, nous menons des actions d’information et de formation auprès des organismes Hlm avec l’appui de l’Association régionale.

En 2015, nous avons édité conjointement un guide qui aborde de façon très concrète les questions de conception, de réalisation du chantier aussi bien que d’entretien et de maintenance en présence d’amiante. Il faut savoir que 80 % des bâtiments dont le permis de construire a été délivré avant le 1er juillet 1997 possèdent encore de l’amiante. L’Association régionale a été très en pointe sur ces sujets.

Depuis 2019, nous organisons ensemble des sessions de formation délocalisées, notamment sur la démarche d’évaluation des risques du risque amiante par les maitres d’ouvrage avec la question centrale du repérage de la présence d’amiante. C’est ce travail qui a fondé notre partenariat. Nous avons appris à nous connaître et à trouver un réel intérêt dans un travail mené en commun. Pour nous, il y a une vraie satisfaction à voir que les bailleurs sociaux s’engagent à nos côtés au travers de l’AR Hlm..

Aujourd’hui, un autre chantier commun s’ouvre…

Depuis 2018, nous avons ouvert notre collaboration à d’autres sujets par le biais d’une convention qui comporte deux axes. Le premier concerne la prévention des risques professionnels dans les opérations de réhabilitation de logements sociaux. En plus de l’amiante, nous prenons également en compte la question des chutes de hauteur lors des travaux de construction de nouveaux logements ou lors de leur entretien (travaux sur échafaudages, protection des trémies ou de la périphérie des niveaux en construction par exemple) et le vieillissement de la population. Il s’agit là de promouvoir l’information en direction des seniors et les bailleurs peuvent nous aider à identifier les personnes âgées fragiles dans le parc social.

Pour ce qui est des risques sur les chantiers, les entreprises ne sont-elles pas déjà informées ?

Sur les régions PACA et Corse, nous avons 60 ingénieurs conseil et contrôleurs  de sécurité qui interviennent dans les entreprises et sur les chantiers. Nous arrivons à voir environ 3 à 4 % de celles-ci par an, en ciblant les risques et les activités en fonction de leur sinistralité. Nous avons besoin de développer des partenariats pour diffuser les bonnes pratiques. C’est pour nous absolument indispensable. Et dans le cas de l’AR Hlm, il y a une vraie maturité d’échanges entre nous.

Dans le cadre de la reprise des chantiers avec le contexte COVID, nous avons établi une fiche de préconisations à destination des maîtres d’ouvrage pour leur permettre d’anticiper les nouvelles mesures et gestes barrières pendant le chantier et cerner les missions du « référent Covid », côté maitre d’ouvrage, désormais indispensable. La Carsat Sud Est a d’ailleurs animé deux webinaires sur ce sujet auxquels ont participé des bailleurs sociaux. L’AR Hlm a fait réagir les bailleurs sociaux et nous a proposé des amendements à cette fiche de préconisations et nous avons discuté ensemble de son contenu. La Carsat doit prendre en compte la réalité du terrain et il est important pour nous de savoir quelle est la capacité des bailleurs sociaux à mener à bien ce que nous préconisons. Nous avons su dépasser les points divergents, trouver des solutions ensemble et nous continuons d’avancer.

Du fait qu’un acteur majeur s’engage à nos côtés, un grand nombre de situations de travail dans les entreprises sont transformées et il y a un vrai impact sur la santé des travailleurs. Notre partenariat avec l’AR Hlm a acquis au fil du temps une vraie maturité.

Quelles sont les perspectives futures de ce partenariat ?

Pour l’amiante, les choses ne sont pas terminées et on continue de former, d’informer et d’accompagner les bailleurs sur ce sujet. Sur la question des risques professionnels, notre préoccupation commune est actuellement la reprise des chantiers et nous capitalisons ensemble, la Carsat et l’AR Hlm, toutes les expériences au fur et à mesure de cette reprise.

Enfin, nous allons développer les actions de formation sur le volet seniors. Si le bailleur est correctement sensibilisé, il sera plus facile d’identifier les situations difficiles et traiter les personnes individuellement, avec nos assistants sociaux par exemple. Mais nous travaillons aussi à adapter les logements pour le futur en fonction des situations rencontrées. L’approche individuelle et l’approche collective sont menées de front.

Alors que toutes ces actions sont bien engagées sur la région Sud, nous allons lancer à l’automne 2020 une grande réunion en Corse avec les maîtres d’ouvrage, dont les bailleurs sociaux, pour donner le coup d’envoi d’une information large sur les risques professionnels. Et bien sûr, nous sommes en étroit partenariat avec l’AR Hlm.

Bio

– Jean-François Adam est ingénieur en génie des procédés.

– Il poursuit pendant une vingtaine d’années une carrière dans la chimie (direction d’usine, direction générale)

– Il intègre la Carsat sud-est en octobre 2007 en tant qu’ingénieur conseil, puis

– Il devient en 2010 chef du secteur géographique Vaucluse-Alpes

– En 2014, il est ingénieur conseil régional adjoint et

– En 2018, il est nommé directeur des risques professionnels

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