LES PARTENAIRES DU LOGEMENT SOCIAL REFLECHISSENT AUX CONDITIONS DE LA PRODUCTION

La 11ème édition du Réseau régional des acteurs de l’habitat, consacrée à la production de logements sociaux dans la région, a abordé deux thèmes essentiels des conditions de cette production : répondre à la diversité des demandeurs et s’adapter aux contraintes des territoires. Plusieurs témoignages de bailleurs sociaux sur les solutions innovantes qu’ils proposent sont venus étayer la réflexion.

En fin de réunion, les partenaires du Palmarès régional de l’habitat ont lancé officiellement l’appel à candidatures pour la 4e édition de cette manifestation.

Le 13 janvier dernier, l’Association régionale, en partenariat avec la Banque des territoires, a tenu la 11ème édition de son Réseau régional des acteurs de l’habitat. Pour cette fois, il ne s’agissait pas de présenter les actions menées par un EPCI sur son territoire, comme c’est la tradition de ce Réseau, mais de faire le point sur la production régionale de logements sociaux et les potentialités de progrès des acteurs en la matière.

Partenaire du Réseau depuis sa première journée en 2012, la Banque des territoires – Caisse des dépôts a introduit les réflexions en la personne d’Alexis Rouque, son nouveau directeur régional. Pour lui, à côté des inquiétudes, réelles, que suscite le contexte de la production de logements dans la région (« le seul secteur encore en difficulté après la crise sanitaire, alors que les autres montrent déjà des signes de relance »), il y a aussi des espoirs importants qu’il a voulu souligner.

La volonté affichée des opérateurs Hlm régionaux lui semble de très bon augure, tout comme la capacité de résilience dont a fait preuve le secteur face à la RLS d’une part, et à la crise sanitaire d’autre part. « On ne peut pas relancer l’économie si les gens ne sont pas en situation de pouvoir se loger correctement ». Le logement est pour lui la « réponse clé » et il ne doute pas que la production se relance très prochainement.

En réponse, Pascal Friquet, président de l’AR Hlm Paca & Corse, rappelle que le secteur a besoin de stabilité sur le long terme. « Nos logements sont conçus pour durer de nombreuses années ». Il voit avec soulagement les responsables des métropoles régionales se mobiliser auprès des bailleurs et ne doute pas que les premiers éléments de dynamique apparus fin 2021 ne permettent une année 2022 « au niveau de la production de 2016, c’est-à-dire 10 000 logements produits ».

Diversifier les publics accueillis

Une première table ronde a posé la question « comment répondre à la diversité des demandeurs ? ». Pierre Franc, chef du service Energie Logement de la DREAL, présente le contexte. Au pointage du matin du 13 janvier, il annonce que 8703 logements ont été agréés pour l’année 2021. Pierre Franc rappelle que 200 000 ménages sont mal ou pas logés dans la région avec un taux de tension très fort, égal à 8, tout de suite après celui de l’Ile de France.

Marie-Louise Gourdon, vice-présidente déléguée à l’habitat et au logement du Pays de Grasse, annonce que l’EPCI a demandé la délégation des aides à la pierre pour « maîtriser tous les leviers ». Elle explique travailler sur 3 axes principaux, la production de logements adaptés pour les seniors (« un tiers de la population aura plus de 65 ans en 2050 »), l’ouverture de partenariats (« on ne peut plus travailler chacun dans son coin ») et la production en Vefa avec la collaboration des promoteurs privés.

Anne-Christel Lextrait, directrice du développement et de la promotion d’Unicil, explique que le choix de l’ESH a été de développer la production d’opérations mixtes, à la fois en ce qui concerne les publics (jeunes actifs, intergénérationnel, habitat inclusif…) et en ce qui concerne les « produits logement » (PLUS, PLAI, un peu de PLS, BRS, accession sociale). Les montages financiers, « sur mesure », sont d’autant plus complexes et difficiles à boucler.

David Rosanvallon, directeur du développement et de l’investissement chez Famille & Provence, explique pour sa part travailler « étroitement » avec les collectivités pour identifier les besoins locaux. Il dit mettre l’accent sur l’habitat inclusif, « des espaces de vie individuels, des logements autonomes, et des espaces partagés, collectifs ». Le bailleur construit ainsi, avec la commune, une réponse totalement adaptée aux besoins.

Sandrine Bordin, présidente du directoire de Logis Méditerranée 1001 Vies Habitat, présente deux projets « emblématiques » sur les quartiers nouveaux à Marseille, Smartseille et Les Fabriques. Le concept Chers Voisins, que développe le bailleur, « infuse sur tout le quartier, et pas seulement dans la résidence ». Dans des quartiers en mutation, il s’agit de faire se rencontrer des populations qui ne sont pas forcément amenées à le faire, « les nouveaux habitants, les primo-accédants, les locataires, la population déjà en place ».

Être au plus près des préoccupations locales

La 2e table ronde (« Comment s’adapter aux besoins du territoire ? ») avait invité David Ytier, vice-président de la métropole Aix-Marseille-Provence délégué au logement et à la lutte contre l’habitat indigne. Pour lui, si le PLH en cours d’élaboration sera la « boîte à outils », il y aura surtout des « combats » à mener ensemble dans des domaines spécifiques, le logement jeunes et étudiants, les résidences seniors, le logement social innovant, la lutte contre l’habitat indigne… Il invite les bailleurs sociaux à se lancer dans la problématique des centres anciens dégradés. « Nous devons trouver ensemble les solutions qui vous permettent d’intervenir dans ces quartiers. »

Camille Galtier, maire de Manosque, confirme l’enjeu centre-ville en demandant aux bailleurs de « compenser » des logements construits à l’extérieur par des ilots en centre-ville. Il annonce qu’il n’a « pas les moyens » de réaliser les 100 logements sociaux par an qu’il devrait bâtir et demande une loi pour encadrer l’achat de foncier et garantir une compensation financière au propriétaire qui vendrait à un bailleur social.

Antoine Rousselie, directeur général adjoint de l’immobilier chez Erilia, premier bailleur à obtenir le statut de société à mission, a fait le choix « d’aller chercher des publics nouveaux ». Considérant que 30 % des jeunes de 16 à 25 ans ne sont pas aidés par leur famille, Erilia construit des résidences sociales à orientation éducative (RSOE), comme celle qui est en projet à Toulon, qui possèdent 40 % d’espaces collectifs pour des ateliers, des animations, des terrasses ombragées… La question cruciale reste celle de l’ingénierie financière.

Pour Pascal Vérot, directeur général de l’OPH de Cannes-Pays de Lérins, la priorité ce sont les seniors. Le choix a été celui d’une labellisation Habitat senior, avec un cahier des charges très précis « qui irrigue de cette façon toute notre chaîne de production ». Tous les projets réalisés par l’Office tiennent compte de ce cahier des charges.

Pascal Fournon, directeur interrégional CDC Habitat social, estime pour sa part « stratégique » de privilégier le parcours résidentiel. Le bailleur développe une gamme très large de logements, « depuis le très social jusqu’au libre », tout en considérant que la production de logements sociaux est « l’élément clé ». Pour ce qui est de la problématique des centres anciens, que CDC Habitat social connaît bien, Pascal Fournon distingue deux situations « totalement différentes » : le bâti ancien à reconvertir et l’habitat dégradé. Pour ce dernier, et devant la complexité des situations, il pense qu’il faudrait développer une filière spécialisée, y compris dans les entreprises du bâtiment.

Lancement de l’édition 2022 du Palmarès régional de l’habitat

Pour clôturer la rencontre, les cinq partenaires du Palmarès régional de l’habitat ont lancé officiellement l’appel à candidature auprès des bailleurs pour la 4e édition. Thierry Bazin, directeur régional adjoint de la Banque des territoires, soutient ce Palmarès parce qu’il « est l’outil qui nous permettra de convaincre de la qualité de ce qui est produit par les organismes Hlm, convaincre les maires et les élus locaux, mais aussi les acteurs économiques et les habitants ». Pour Claude Bertolino, directrice générale de l’EPF Paca, le Palmarès « unique en France, est une exceptionnelle vitrine de la diversité de la production de logements sociaux. Son inscription dans le temps est essentielle. »

Il s’agit, pour Pierre Franc, de « montrer par l’exemple. C’est une excellente opportunité d’organiser des réunions publiques et des discussions sur ce qu’est réellement le logement social ». Quant à Philippe Sagnes, directeur régional d’Action Logement, il estime que « le Palmarès de l’habitat met en lumière l’attractivité de nos territoires au travers de la qualité des réalisations de programmes », tandis que pour Pascal Friquet « la variété des programmes présentés par le Palmarès de l’habitat montre bien à quel point les organismes Hlm savent s’adapter et répondre aux contraintes locales des territoires. »

(contact : Robin Hamadi)

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