THIERRY BAZIN : « NOUS RESTONS A L’ECOUTE, SURTOUT EN CETTE PERIODE DE CRISE »

Thierry Bazin est directeur régional adjoint de la Banque des Territoires. Il rend hommage au travail réalisé en ce moment par les organismes Hlm sur le terrain. Il confirme un panel d’outils spécifiques que la Banque met au service des bailleurs sociaux pour leur permettre de débloquer les situations financières difficiles, notamment dans la relance des chantiers. Il lance un appel au mouvement Hlm régional pour identifier des pistes de relance qu’il se dit prêt à soutenir sans réserve.   


(Photo Banque des Territoires)

En ces temps de confinement, quel est le message que vous voulez faire passer aux bailleurs sociaux ?

Un seul mot : solidarité. Le moins que puisse faire la Caisse des Dépôts est d’être présente auprès des organismes Hlm pour toutes les choses urgentes. Une permanence en télétravail est mise en place pour répondre le plus vite possible à toutes les urgences, toutes les situations problématiques que les bailleurs peuvent rencontrer.

Je pense aux personnels qui sont sur place pour accompagner les habitants. Les 300 000 logements sociaux dans la région, représentent 1 million d’habitants confinés chez eux. C’est énorme ! Et c’est une immense responsabilité pour les bailleurs et leurs personnels de terrain de pouvoir répondre aux sollicitations de ces habitants. On ne parle pas assez d’eux, je leur rends un grand hommage. Qu’ils sachent que la Caisse des Dépôts reste en permanence à leurs côtés.

Comment vous mobilisez-vous pour répondre aux organismes ?

Déjà, souvenez-vous, dans le cadre du premier plan logement, nous avions lancé une vaste campagne de dématérialisation dans nos relations avec les bailleurs sociaux. Et cette anticipation nous sert énormément ces temps-ci. Nous ne sommes pas pris au dépourvu pour communiquer. Souvenez-vous encore du lancement des titres participatifs. Ce sont des quasi-fonds propres que les organismes n’ont pas à rembourser automatiquement. Et il s’avère, dans la situation que nous vivons, que ce sont d’excellents moyens pour sortir de la crise qui frappe le mouvement Hlm. Ce serait dommage de se priver d’un tel outil.

Ces derniers jours, avez-vous mis en place de nouvelles mesures ?

Il y a plusieurs dispositifs très concrets qui peuvent aider les bailleurs à sortir de situations difficiles. Les reports ou les retards dans le déroulement des chantiers peuvent être particulièrement problématiques, sur le plan financier. Nous pouvons allonger la durée de préfinancement. Nous pouvons également déclencher nos versements plus tôt, pour débloquer des situations, même avant que la garantie financière des collectivités ne soit effective. Une ordonnance de l’Etat nous le permet, on régularisera dans les mois qui suivent. D’une façon générale, notre mot d’ordre est qu’aucun organisme ne soit bloqué dans ses projets du fait d’un problème de financement. Si un bailleur social a besoin d’un versement, on fera en sorte qu’il l’ait et on régularisera les choses par la suite.

En Seine-Saint-Denis, des OPH ont anticipé des difficultés de paiement des loyers et ont annoncé qu’ils mettaient en place des reports. Cela pourrait être aussi le cas dans notre région ?

Cela peut concerner une petite partie des ménages, mais je ne crois pas que les bailleurs puissent avoir des soucis de trésorerie à cause de retards de loyer. La question peut en revanche se poser pour des résidences étudiantes, si le gestionnaire lui-même rencontre des difficultés. De toute façon, quelle qu’en soit la raison, si un bailleur a des soucis de cet ordre, il peut solliciter la Banque des Territoires pour obtenir des reports d’échéances ou un moratoire.

Et si vraiment les choses deviennent problématiques, nous avons réouvert la possibilité d’accès à une ligne de découvert pour ceux qui ont un compte à la Caisse des Dépôts. Pour passer un cap, cela peut être intéressant, et c’est quasiment gratuit. Ça n’est pas une mesure prépondérante, mais elle peut être complémentaire d’un ensemble de choses.

Comment voyez-vous l’organisation de la reprise progressive des chantiers ?

C’est une évidence que le logement social est primordial pour la relance de l’activité économique. Il faut absolument le soutenir. Sur le plan national, un appel à manifestation d’intérêt auprès des promoteurs privés a été lancé pour la construction de 40 000 logements en Vefa. Il pourrait y avoir une initiative régionale auprès des bailleurs sociaux. Nous la soutiendrons. Je considère que les organismes de logement social sont les mieux placés pour identifier leurs besoins et élaborer les solutions qui peuvent leur convenir. Une réflexion pourrait s’engager en ce sens sous l’égide de l’Association régionale. Nous sommes preneurs de toute proposition. Si le mouvement Hlm nous soumet des idées, nous les soutiendrons sans réserve.

BIO

  • Thierry Bazin est titulaire d’un diplôme d’études comptables et financières (DECF) du Conservatoire national des arts et métiers (CNAM), qu’il complètera plus tard d’un diplôme de management général de l’entreprise sociale et d’un diplôme d’aménagement et gestion-développement du territoire
  • Après un passage chez Publicis et Onet, il intègre la Caisse des Dépôts en 1993 en tant que directeur financier d’Icade Patrimoine, et devient en 2006 directeur général de la branche résidences pour personnes âgées
  • Il est nommé à Marseille en 2012 en tant que directeur régional adjoint délégué au financement de la région Paca
  • En mars 2018, il devient directeur régional adjoint de la Banque des Territoires région Sud
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