UN CLUB MAITRISE D’OUVRAGE EXCEPTIONNEL POUR ENVISAGER DES NOUVEAUX MODES DE PRODUCTION

Le dernier Club Maîtrise d’ouvrage, animé par l’Association régionale et la Maison de l’Architecture Villa Romée, a s’est intéressé aux nouvelles conditions du partenariat entre les acteurs de la construction, organismes Hlm, architectes et entreprises. Une rencontre qui a permis d’ouvrir la voie à un nouveau dialogue, qui pourrait même se concrétiser par exemple autour d’enseignements à tirer collectivement d’une opération déjà livrée.

 

L’Association régionale a tenu le 24 janvier un Club Maîtrise d’ouvrage exceptionnel sur le thème des « nouveaux modes de faire entre maîtres d’ouvrage et acteurs de la construction ». Organisé, comme traditionnellement, en partenariat avec la maison de l’architecture Villa Romée, ce Club Maîtrise d’ouvrage s’est inscrit dans une réflexion nationale de l’Union sociale pour l’habitat à la suite des modifications profondes apportées par la loi Elan dans les relations entre maîtres d’ouvrage et acteurs de la construction. Il a permis des échanges, riches et denses, entre les participants.

Trois ministères avaient souhaité établir un dialogue sur le sujet en créant un groupe de travail national piloté par Pierre-René Lemas. L’Ush siège au sein de ce groupe de travail, aux côtés notamment du Conseil national de l’ordre des architectes. Il s’agit de définir « à droit constant » de nouvelles modalités de partenariat avec les acteurs de la construction.

Le calendrier prévoit des réunions jusqu’à fin mai 2020 avec des conclusions annoncées en juin. L’Ush a souhaité appuyer sa participation grâce à des contributions et des éclairages issus des régions. C’est pour cette raison qu’elle a décidé d’entreprendre une tournée des associations régionales pour recueillir les remontées des acteurs de terrain. Provence-Alpes-Côte d’Azur et Corse est la première à avoir répondu.

 

Etat des lieux régional des relations entre tous les acteurs

Trois séquences ont ponctué ce Club Maîtrise d’ouvrage exceptionnel, animées par Cécile Sémery, responsable du département Architecture et maîtrise d’ouvrage à l’Ush, pour la première séquence, et par Paul Saraïs et Mathilde Roussel, consultants chez Eneis, pour les deux suivantes.

La problématique est simple. Les organismes Hlm ont la responsabilité d’atteindre des objectifs économiques (maîtrise des coûts, notamment pour les locataires), environnementaux (performance énergétique) et sociaux (qualité architecturale et valorisation du cadre de vie). Comment le faire dans le contexte de la recomposition de la chaîne de production, et particulièrement le choix du maître d’œuvre, la conception-réalisation ou l’allotissement ?

La première séquence a permis d’établir, en interaction avec les  seuls maitres d’ouvrage sociaux, un état des lieux régional des pratiques et des modes d’organisation. Les participants ont été invités à répondre à un certain nombre de questions ensuite synthétisées pour en faire ressortir les idées fortes. La deuxième séquence, toujours interactive, a permis de mieux cerner leur positionnement dans la recomposition de la chaîne de production. La dernière séquence, enfin, a soumis les idées forces aux partenaires et organisations professionnelles des acteurs : architectes, entreprises, bureaux d’études et promoteurs.

Acceptation mutuelle des différends et perspectives de solutions

Au travers des échanges, directs et respectueux en même temps, les organismes ont pu exprimer aux architectes leur interrogation devant certains « gestes » architecturaux qui tiennent peu compte des besoins exprimés et d’une relative « désaffection » des architectes qui ne reviennent presque jamais voir comment fonctionne le bâtiment qu’ils ont conçu. « On paye le gadget pendant des années d’exploitation », a été une des réflexions entendues. Le retour des maîtres d’œuvre a mis l’accent sur le fait que leurs honoraires sont de plus en plus contraints. Ils englobent des missions de plus en plus nombreuses, et à honoraires constants, leurs interventions se multiplient sans qu’ils puissent maîtriser cette tendance.

Concernant les entreprises, les organismes Hlm notent que la qualification est de moins en moins au rendez-vous, les appels d’offres de plus en plus infructueux et les chantiers de plus en plus compliqués à cause de la présence d’une main d’œuvre étrangère peu qualifiée et parlant peu ou mal français. A quoi les entreprises répondent que les coûts estimatifs sont mal appréciés, à travers des documents copiés-collés et que les bailleurs doivent intégrer que chaque cahier des charges est unique et doit être évalué au cas par cas.

Le décalage entre les produits employés, quelquefois innovants, et leur mise en œuvre sur le chantier été aussi pointé par les organismes Hlm pas toujours satisfaits du résultat final. A ce sujet, il a été évoqué, pour plus d’efficacité, la solution de « l’usine éphémère » qui permet de préfabriquer des éléments à côté du chantier, et qui disparaît une fois le bâtiment livré.
Tous seraient d’accord pour envisager de se réunir prochainement autour d’une opération déjà réalisée et d’en tirer collectivement les enseignements, avec le retour des locataires.
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